Le média américain Complex dispose d’un compte mode très suivi sur Instagram, Complex Style, qui met en avant les tendances et campagnes les plus marquantes du moment. C’est là qu’une série venue du Maroc a fait sensation il y a quelques semaines, avec des silhouettes Adidas retravaillées dans des ruelles aux portes patinées et aux zelliges graphiques. Les images, shootées par la photographe marocaine Sophia El Bahja, mêlent codes street et détails locaux, entre survêtements à bandes, jupes bouffantes et dentelle blanche.
Au cœur du projet, un nom à retenir pour qui découvre la scène créative marocaine : ITSMEDD. Derrière ce label/atelier basé au Maroc, on trouve un travail de design et de direction artistique qui recompose des pièces existantes et les ancre dans un récit culturel. Leur proposition la plus commentée ? Un concept “Balgha x Adidas” qui fusionne l’iconique sneaker Adidas avec la babouche marocaine (belgha), soulignant le geste d’upcycling et la rencontre entre artisanat local et langage global du sportswear.
La campagne repérée par Complex Style fonctionne parce qu’elle raconte la mode avec du contexte. Plutôt que d’extraire les vêtements de tout décor, les looks sont photographiés dans l’ancienne médina : carreaux ciment, portes en bois, passages étroits deviennent les “décors naturels” d’une histoire où la modernité n’efface pas la mémoire. Le résultat est plus qu’un simple lifting esthétique : c’est une relecture de classiques Adidas qui parle d’identité, de transmission et de réemploi intelligent.
Pour un public non spécialiste, l’essentiel est là : on ne copie pas Adidas, on réinvente ses icônes à la manière marocaine, en prolongeant la vie des pièces et en injectant du sens. Cette approche, portée par la patte d’ITSMEDD et l’œil de Sophia El Bahja, confirme l’énergie d’une scène mode marocaine capable de dialoguer d’égal à égal avec la culture globale — sans renier ses racines.
