Sous un ciel azur et les grondements maîtrisés des sabots, un souffle nouveau s’élève sur les terrains de Tbourida. Longtemps perçue comme une discipline réservée aux générations anciennes, cette tradition guerrière et équestre, emblématique de l’identité marocaine, séduit aujourd’hui une jeunesse vibrante et fière de ses racines. Dans les champs d’honneur où résonne la poudre noire, de jeunes visages prennent la relève, avec passion, rigueur et admiration.
Les images récentes des compétitions de Tbourida — où l’on voit de très jeunes cavaliers arborer les habits d’apparat traditionnels, manier la fantasia avec assurance et s’aligner fièrement sur leurs montures décorées — témoignent d’un véritable engouement générationnel. Si la transmission s’est longtemps faite dans l’ombre des tribus et des familles, elle s’opère désormais aussi au grand jour, dans les arènes nationales et sur les réseaux sociaux. Les jeunes y trouvent une voie pour exprimer leur attachement à la culture, à travers une pratique exigeante mêlant maîtrise du cheval, sens du spectacle et rituel communautaire.
Cette résurgence n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large de valorisation du patrimoine vivant marocain, soutenue par les autorités culturelles et sportives du pays. La Tbourida, récemment inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, bénéficie désormais de structures dédiées à l’apprentissage et à la promotion de la discipline. Les moussemes traditionnels, autrefois confinés aux campagnes, deviennent des événements médiatisés, attirant un public varié, jeunes en tête.
Les jeunes cavaliers, souvent encore adolescents, endossent avec sérieux le costume de leurs ancêtres. Turbans noués, djellabas éclatantes, selles richement brodées et fusils noirs, tout est fidèle à l’esprit originel. Pourtant, loin d’un simple folklore figé, ces nouvelles générations insufflent une vitalité contemporaine à la pratique : entraînements plus rigoureux, usage de technologies pour affiner les techniques, présence affirmée sur les plateformes numériques pour raconter leurs parcours, partager les coulisses et inspirer d’autres jeunes à se lancer.
Cette réappropriation est aussi un acte d’identité. Dans un monde globalisé où les repères se diluent, la Tbourida offre un ancrage. Elle rappelle la bravoure, la discipline et l’unité communautaire. Elle forge des liens intergénérationnels solides, où les jeunes ne sont plus de simples spectateurs, mais les dignes héritiers d’un art équestre millénaire.
La Tbourida se réinvente donc au rythme des galops de la jeunesse marocaine. Entre tradition et modernité, elle trace sa voie avec éclat et fierté. Et à voir ces jeunes cavaliers si habités par leur mission, nul doute que la relève est assurée, et avec panache.









