Lors d’une intervention au Festival international du film de Marrakech, Sean Penn a vivement critiqué les organisateurs des Oscars, les accusant de “manque de courage” et de contribuer à limiter l’imagination et l’expression culturelle dans le monde du cinéma. À 64 ans, l’acteur et réalisateur américain a reçu un prix pour l’ensemble de sa carrière, mais n’a pas hésité à adresser des reproches aux institutions cinématographiques établies.
« Les producteurs de l’Académie ont fait preuve d’un extraordinaire manque de courage lorsqu’il s’agit de s’intégrer au monde de l’expression artistique, et ils ont largement contribué à limiter l’imagination et les différentes formes d’expression culturelle », a déclaré Penn. Il a ajouté qu’il ne s’intéressait aux Oscars que dans les rares occasions où des films qu’il estime vraiment trouvent leur place dans la compétition, citant en exemple The Florida Project de Sean Baker, I’m Still Here de Walter Salles, et Emilia Perez de Jacques Audiard.
Ces propos s’inscrivent dans un contexte de critiques récurrentes envers l’Académie des arts et sciences du cinéma, souvent accusée de manquer de diversité tant dans ses rangs que dans les films qu’elle choisit de mettre en avant. Malgré les efforts pour adopter des réformes et diversifier ses choix, l’institution reste sous le feu des critiques pour des changements jugés insuffisants par de nombreux observateurs, y compris Penn.
L’acteur a également salué le travail du réalisateur irano-danois Ali Abbasi pour son dernier film The Apprentice, un projet controversé portant sur Donald Trump, qui a rencontré des difficultés à trouver un distributeur américain avant les élections présidentielles de novembre. « C’est incroyable de voir à quel point cette ‘industrie des audacieux’ peut être aussi frileuse quand un grand film comme celui-ci arrive, avec d’excellentes performances d’acteurs », a-t-il affirmé, comparant cette peur à celle « d’un petit congressiste républicain effrayé ».
Le Festival de Marrakech rend hommage à la carrière de Sean Penn en projetant quatre de ses films cette semaine. Cependant, la projection de Milk, un film emblématique sur l’activiste LGBTQ+ Harvey Milk, a suscité une réaction mitigée : plusieurs spectateurs marocains ont quitté la salle lors d’une scène montrant deux hommes dans un lit. Bien que les cas soient rarement poursuivis, l’homosexualité reste illégale au Maroc, ce qui continue de poser des défis dans un contexte social conservateur.
Au-delà du cinéma, Penn a également abordé des questions politiques internationales. Il a réitéré son soutien au président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, sujet de son film Superpower sur la guerre en Ukraine, et s’est décrit comme un « patriote en crise » en réponse à une question sur la situation politique aux États-Unis.
