La porte s’ouvre discrètement, loin des vitrines tapageuses et des enseignes criardes. À l’intérieur, rien ne cherche à séduire à coups d’effets spectaculaires. Tout est affaire de justesse, de matières, de silence presque. À Marrakech, Romeo Gigli n’inaugure pas une boutique au sens classique du terme. Il installe un point d’ancrage, un lieu à son rythme, en parfaite continuité avec l’esprit de Riad Romeo, sa maison nichée dans la médina.
L’espace présente une sélection de pièces de menswear dessinées par le créateur italien, reconnaissables à leurs volumes souples, leurs coupes réfléchies et leur élégance non démonstrative. Certaines chemises intègrent de la sfifa, broderie traditionnelle marocaine, réalisée en collaboration avec l’association Timendotes et la Kalhath Foundation, engagées dans la transmission et la préservation de ce savoir-faire artisanal. Le geste est précis, respectueux, et surtout cohérent avec la démarche globale du lieu : faire dialoguer création contemporaine et héritage local sans folklore ni artifice.
La boutique ne s’arrête pas au vêtement. Elle expose également une ligne de céramiques et d’éléments d’intérieur conçus par Lara Aragno et Romeo Gigli pour Riad Romeo. Chaque objet semble pensé pour appartenir naturellement à l’espace : textures, couleurs, proportions. On n’est pas dans l’accumulation, mais dans une écriture décorative maîtrisée, presque intime, qui prolonge l’expérience du riad lui-même.
Cette ouverture à Marrakech marque un tournant assumé dans le parcours de Romeo Gigli. Évoqué récemment par WWD, ce nouveau chapitre s’inscrit dans une vie désormais ancrée en Afrique du Nord, loin du rythme effréné de la scène milanaise. Le riad, qu’il a en grande partie conçu, devient à la fois mémoire de son passé dans la mode et terrain d’expression pour une création plus transversale, mêlant vêtement, architecture et design.
En attendant l’arrivée annoncée des pièces de womenswear, la boutique de Riad Romeo s’impose déjà comme une adresse à part. Un lieu confidentiel, accessible sur rendez-vous, où le luxe se définit moins par l’exclusivité que par la cohérence d’une vision. À Marrakech, Romeo Gigli ne cherche plus à suivre le mouvement. Il le ralentit, et impose le sien.
