Reda Benjelloun prend la caméra du CCM : une plume documentaire au service du cinéma marocain

by La Rédaction

Il en a raconté des histoires, Reda Benjelloun. Des récits de migration, des mémoires de Casablanca, des fragments d’humanité saisis sur le vif, semaine après semaine, dans l’espace télévisuel marocain. Désormais, c’est un tout autre scénario que ce journaliste-documentariste va écrire : celui du cinéma national, depuis la plus haute instance qui lui est consacrée. Le jeudi 26 juin 2025, le Conseil de gouvernement a officialisé sa nomination à la direction du Centre cinématographique marocain (CCM), une institution clé de la politique culturelle du Royaume.

Cette décision met fin à une longue période d’intérim assurée depuis 2021 par Abdelaziz Bouzdaini, après le départ de Sarim Fassi Fihri. Mais elle incarne surtout un tournant, en confiant les rênes du CCM à une personnalité de terrain, issue du monde de l’image et du reportage, plutôt qu’à un technocrate ou un producteur. Une première depuis longtemps, qui pourrait bien réconcilier le CCM avec une frange d’artistes en quête d’écoute et de renouveau.

   

Né en 1966, diplômé en droit à la Sorbonne, Reda Benjelloun débute sa carrière comme consultant juridique à Paris. Très vite, pourtant, c’est l’appel du récit qui l’emporte. En 1995, il rejoint la chaîne 2M au Maroc, où il gravit tous les échelons : reporter, présentateur, rédacteur en chef du magazine Grand Angle, puis directeur adjoint de l’information. Depuis plus d’une décennie, il dirige les magazines d’information et le pôle documentaire de la chaîne.

On lui doit notamment la création en 2011 de « Des Histoires et des Hommes », la seule case documentaire hebdomadaire en prime time sur une chaîne publique marocaine. À travers elle, Reda Benjelloun a offert au public des regards souvent inédits sur la société marocaine et africaine, s’attachant aux invisibles et aux oubliés. Son documentaire “Errances africaines” (2004) sur les routes migratoires ou encore sa série “Ana Bidaoui” (2023), véritable déclaration d’amour à Casablanca, ont forgé son identité de conteur sensible et engagé.

Sa nomination au CCM est donc porteuse d’attentes. Car ce poste, central dans la régulation et le développement du secteur cinématographique, est souvent critiqué pour son opacité ou son éloignement du terrain. Reda Benjelloun, lui, arrive avec un bagage fait de narration, de proximité avec les réalités sociales et de connaissance des contraintes de production. Assez pour impulser une dynamique nouvelle ? Les prochains mois diront s’il réussit à conjuguer passion documentaire et politique culturelle avec la même sincérité.

   

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