Picasso ressurgit à Drouot : le portrait oublié de Dora Maar affole les enchères

by La Rédaction

C’est un de ces instants suspendus où le temps semble s’arrêter, quand l’histoire de l’art refait surface sous les spots d’une salle d’enchères. Ce vendredi, à l’Hôtel Drouot, un chef-d’œuvre de Pablo Picasso, resté caché pendant plus de huit décennies, a créé la stupeur et l’admiration. Son portrait de Dora Maar, peint en 1943, a été adjugé 27 millions d’euros à David Nahmad, le célèbre collectionneur monégasque surnommé depuis longtemps « le fou de Picasso ».

Cette toile, invisible du grand public depuis sa création, n’existait jusqu’ici que dans quelques clichés du photographe Brassaï, ami et confident du peintre. Redécouverte presque par hasard lors d’un inventaire de succession, elle est apparue comme un fantôme revenu d’une autre époque — celle de l’Occupation, où Picasso, enfermé dans son atelier parisien, peignait entre ombre et lumière, dans un Paris étouffé par la guerre.

   

Dora Maar, muse et amante du peintre, y apparaît déformée, fragmentée, presque déchirée. Les couleurs, vives et douloureuses à la fois, racontent l’intensité d’une relation faite d’amour et de lutte, de passion et de rupture. On y retrouve la signature émotionnelle du génie espagnol : une peinture qui ne représente pas, mais qui traduit. Chaque coup de pinceau semble un cri, chaque nuance, un souvenir.

En remportant l’œuvre, David Nahmad ajoute à sa collection déjà légendaire une pièce qui dépasse la valeur artistique pour toucher à l’intime. À Drouot, les applaudissements ont succédé à un silence chargé d’émotion : celui que l’on réserve aux grands retours. Car ce Picasso-là n’est pas qu’un tableau retrouvé — c’est une part d’histoire, un fragment de mémoire ressuscité.

   

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