Il y a des bascules qui marquent l’histoire de la finance mondiale. Celle-ci en fait partie : Larry Ellison, le cofondateur et président exécutif d’Oracle, vient de détrôner Elon Musk pour s’installer au sommet du classement des fortunes planétaires. En une seule journée, sa richesse a bondi de près de 103 milliards de dollars, soit presque l’équivalent du PIB du Maroc, grâce à l’envolée spectaculaire des actions Oracle, dopées par l’euphorie autour du cloud et de l’intelligence artificielle.
Ce glissement de pouvoir est symbolique. Depuis plusieurs années, Musk incarnait l’archétype du magnat high-tech, entre audace industrielle et coups d’éclat médiatiques. Mais les difficultés récentes de Tesla – ventes en berne, action en repli de plus de 13 % depuis janvier – et les controverses liées à son implication politique auprès de Donald Trump ont fragilisé son image et, par ricochet, sa fortune.
Ellison, à l’inverse, cultive un profil plus feutré. Visionnaire dans le domaine des bases de données depuis les années 1970, il a patiemment transformé Oracle en un acteur incontournable du numérique. Son pari sur le cloud et son alliance avec l’IA tombent aujourd’hui à point nommé, dans un contexte où les investisseurs ne jurent que par cette double promesse technologique. Résultat : une ascension fulgurante qui l’installe devant Musk et les autres géants de la Silicon Valley.
Ce changement de hiérarchie illustre une tendance de fond : la valeur des entreprises ne repose plus seulement sur la conquête spatiale ou la voiture électrique, mais aussi sur la maîtrise des données et la puissance des serveurs. En grimpant au sommet de l’échelle mondiale, Ellison rappelle que la discrétion peut parfois être plus payante que le fracas médiatique.
