Le Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain de Rabat accueille, jusqu’au 15 juin 2025, l’un des artistes les plus percutants de la scène contemporaine : Kehinde Wiley. L’exposition Maze of Power, qui signe son arrivée au Maroc, réunit onze portraits monumentaux de dirigeants africains, dans une mise en scène aussi flamboyante que politique.
Maître du portrait revisité, Wiley s’est imposé depuis une quinzaine d’années comme une figure essentielle du dialogue entre art classique et identités contemporaines. Nourrie par une double filiation culturelle — entre héritage afro-américain et racines nigérianes — sa pratique mêle compositions héritées des grands maîtres européens à des sujets issus des diasporas noires. Son style reconnaissable entre mille trouve dans cette série un écho tout particulier. Débutée en 2012, Maze of Power puise dans l’iconographie du portrait d’apparat tout en y injectant une esthétique subversive et profondément africaine. À travers ces chefs d’État saisis dans toute leur solennité, l’artiste déconstruit les codes traditionnels de l’autorité visuelle, et les recontextualise dans un univers baroque, floral, théâtral — un labyrinthe visuel où chaque détail devient une clef de lecture du pouvoir postcolonial.
Maze of Power prend d’autant plus une résonance particulière sur le sol marocain, dans un musée qui se veut lui-même un trait d’union entre cultures et continents. L’exposition est le fruit d’une collaboration entre la Galerie Templon, le musée du Quai Branly – Jacques Chirac, et bien sûr le Musée Mohammed VI, institution phare de la scène artistique nord-africaine. Cette étape marocaine marque de ce fait une nouvelle page dans le parcours international de Wiley, dont l’œuvre soulève autant de fascination que de débats.
Par-delà l’esthétique éclatante, l’exposition de Wiley à Rabat invite nombreux à une réflexion essentielle : comment le pouvoir est-il perçu, mis en scène, légitimé ? Et à qui revient le droit de le figurer ?