Heure d’été au Maroc : et si le passage à GMT+1 devenait un casse-tête stratégique ?

by La Rédaction

Ce dimanche matin, alors que le Maroc s’est officiellement réveillé sous l’heure GMT+1 après la pause ramadanesque, les horloges ont peut-être avancé, mais pas forcément les esprits. Une décision technique, apparemment anodine, qui soulève pourtant de nombreuses interrogations, tant sur le plan sanitaire que social, éducatif et économique.

Si le changement d’heure est souvent présenté comme une formalité administrative, ses répercussions sont bien réelles. Dès les premières lueurs — ou plutôt l’absence de lueurs — ce matin, des millions de Marocains ont repris leur rythme habituel… mais en décalé. Des enfants envoyés à l’école alors que le soleil n’a pas encore pointé le bout de son nez, des salariés englués dans une somnolence matinale persistante, et un sentiment général de fatigue latent, difficile à ignorer. En somme, un réveil brutal, littéralement.

   

Derrière ce changement, le choix politique de maintenir le pays sous l’heure GMT+1 pendant la majeure partie de l’année, une décision justifiée depuis plusieurs années par des objectifs de « synchronisation économique avec l’Europe » et des prétendues économies d’énergie. Pourtant, à l’ère du télétravail, des appareils LED et de l’hyperconnectivité, ces arguments tiennent de moins en moins la route. Le gain énergétique est devenu marginal, voire négligeable, alors que le coût humain, lui, est de plus en plus évident.

Les professionnels de la santé, eux, alertent depuis longtemps sur les effets délétères d’un tel décalage sur le rythme biologique. Troubles du sommeil, fatigue chronique, baisse de productivité, voire risques accrus de pathologies cardiovasculaires : le corps humain n’est pas un interrupteur que l’on peut actionner d’une simple pression. Et chez les enfants, les conséquences sont encore plus préoccupantes, entre manque de concentration en classe et trajets scolaires effectués dans l’obscurité, avec les dangers que cela suppose.

Ce passage à GMT+1, au lendemain d’un mois de jeûne qui a déjà mis les corps à l’épreuve, agit comme un double choc pour l’organisme. Au lieu d’un retour progressif à la normale, c’est une désynchronisation forcée, sans réelle concertation publique ni débat démocratique sur ses implications. Ce matin, c’est toute une population qui a repris sa routine sur un rythme imposé… et probablement mal adapté.

Et si, justement, il était temps de repenser cette stratégie horaire ? Non pas pour revenir à un passé figé, mais pour engager une réflexion lucide et collective, où les impératifs de santé publique, d’éducation et de qualité de vie primeraient sur des considérations technocratiques et souvent dépassées.

   

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