Quand Julie Wilburn, originaire du Maryland, s’installe au Maroc il y a plus de treize ans, elle ne se doute pas que son aventure à l’étranger prendra un tournant aussi inattendu que fondateur. Ce qui devait être un changement de vie personnel s’est transformé, au fil des années, en un projet éducatif ambitieux : la création d’une microschool devenue une école à part entière, accueillant aujourd’hui plus de 60 élèves dans la ville d’Agadir.
Tout a commencé modestement, avec seulement quatre enfants, dans son propre salon. Issue du monde des écoles religieuses aux États-Unis, Julie Wilburn s’était d’abord orientée vers un poste d’enseignante au Maroc. Mais lorsque l’établissement qui l’employait a fermé ses portes, elle a pris les choses en main. Inspirée par le modèle américain des « microschools », ces structures à taille humaine axées sur un apprentissage personnalisé, elle fonde sa propre école en y insufflant ses valeurs et une pédagogie inclusive.
Aujourd’hui, son établissement, baptisé American Group International, propose un enseignement en anglais et en arabe, tout en suivant un programme international qui séduit des familles venues du Royaume-Uni, de France, d’Espagne, ou encore d’Amérique du Nord. De la maternelle au lycée, les élèves y trouvent un cadre souple, bilingue et multiculturel, loin des standards rigides des systèmes classiques. Mais Julie Wilburn ne se contente pas de dispenser un enseignement scolaire : elle accompagne aussi ses élèves dans leurs projets de vie, les aide à obtenir des bourses, à passer les examens britanniques, et à intégrer des universités à l’étranger.
Parmi les réussites marquantes, celle d’une élève revenue d’Arabie saoudite, qui a obtenu son diplôme britannique et une licence, puis est revenue à son tour pour l’aider à ouvrir une école dans le Golfe. Un exemple parlant de l’impact concret et durable de cette initiative née dans un salon d’Agadir.
Si les microschools sont souvent peu réglementées aux États-Unis, Julie Wilburn, elle, tient à garantir un haut niveau de qualité. Elle a déjà entamé des démarches pour obtenir des accréditations américaines et régionales, afin d’assurer la légitimité de son école sur le long terme.
Son parcours illustre aussi une tendance croissante : de plus en plus d’Américains quittent leur pays pour trouver, à l’étranger, une vie plus accessible et plus sereine. « Aux États-Unis, ma facture d’électricité atteignait facilement 400 dollars par mois. Ici, elle est autour de 25 », confie-t-elle. Un écart révélateur, qui a contribué à son choix de tout reconstruire au Maroc.
Ce que Julie Wilburn a bâti n’est pas seulement une école. C’est un pont entre les cultures, un lieu d’émancipation pour les élèves, et une réponse concrète aux défis éducatifs contemporains. Une preuve que parfois, un nouveau départ peut réellement tout changer.