Bouzinka : chronique d’un paradis abandonné

by La Rédaction

À quarante kilomètres à peine de Casablanca, Bouznika devrait incarner l’idéal d’une station balnéaire familiale. Son sable doré, sa proximité avec les grandes agglomérations et sa tradition de villégiature en font, sur le papier, un lieu rêvé pour les vacances. Et pourtant, ce décor de carte postale semble aujourd’hui relégué au rang des illusions perdues.

Ce qui frappe d’abord, c’est l’état d’abandon manifeste. Les déchets s’accumulent sur le sable et dans les dunes, visibles à chaque pas. Aucune poubelle à l’horizon, pas même l’ombre d’un panneau de sensibilisation. L’espace public, livré à lui-même, devient le théâtre de scènes indignes : consommation d’alcool et de stupéfiants en pleine journée, parfois devant des enfants, dans une indifférence totale. Et surtout, une absence totale de contrôle : ni police, ni patrouille, ni surveillance municipale. Le sentiment d’abandon est total.

   

Mais réduire la situation à une simple question de propreté serait trop réducteur. Bouznika incarne aujourd’hui le naufrage d’un lieu qui aurait pu – et peut encore – être une des vitrines touristiques du littoral marocain. Une station qui a déjà brillé, et dont le potentiel reste intact. Ce gâchis interpelle autant les autorités que les citoyens. Car l’état d’une plage est aussi le reflet du civisme collectif et de la volonté politique.

Le cri lancé dans le groupe « Save Casablanca » sonne comme un appel à la mobilisation : il ne s’agit pas seulement de nettoyer le sable, mais de restaurer une dignité. Celle d’un lieu qui a été oublié par les pouvoirs publics, déserté par le bon sens, et trahi parfois par les comportements inciviques.

Une plage ne se gère pas seule. Elle a besoin d’infrastructures, d’entretien, de règles… et surtout, d’amour. Celui que portent encore les habitants, les familles, les anciens vacanciers – et ceux qui croient qu’un réveil est encore possible.

   

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