Bong Joon Ho à Marrakech : un président de jury qui pense le cinéma à voix haute

by La Rédaction

Le Festival international du film de Marrakech a choisi une boussole qui n’a jamais perdu le nord : Bong Joon Ho présidera le jury de sa 22e édition, programmée du 28 novembre au 6 décembre 2025. Le cinéaste sud-coréen, déjà auréolé des plus hautes distinctions – de la Palme d’or aux Oscars – décernera avec son jury l’Étoile d’or à l’un des 14 premiers ou seconds longs métrages de la compétition internationale.

Dans un message qui sonne comme un manifeste, le réalisateur de Parasite dit son envie de « partager une expérience cinématographique forte » et de « réfléchir à la véritable valeur du “cinéma” » avec le public marocain. On ne s’attend pas à moins de la part d’un auteur qui a fait de la collision des mondes – riches et précaires, ordre et chaos, satire et suspense – sa signature. À Marrakech, sa présence promet d’installer le débat au cœur des salles : qu’attendons-nous aujourd’hui d’un film, sinon d’ouvrir les yeux sur nos fractures sans renoncer au plaisir de récit?

   

L’itinéraire de Bong Joon Ho parle pour lui. De Barking Dog et Memories of Murder à The Host, Mother, Snowpiercer, Okja et bien sûr Parasite – premier film non anglophone sacré Oscar du meilleur film –, son œuvre a transformé des curiosités de cinéphiles en phénomènes culturels planétaires. Son nouveau long métrage, Mickey 17, sorti au début de 2025, prolonge cette veine : une science-fiction populaire qui garde l’humain au premier plan, avec ce mélange d’humour noir, d’émotion et de lucidité sociale qui fait sa patte.

Le choix de Marrakech n’est pas un coup d’éclat isolé, c’est un dialogue annoncé. Depuis plus de vingt ans, le festival cultive une ligne claire : faire converser les cinémas du monde au cœur du Maroc. Inviter Bong Joon Ho à diriger le jury revient à confier la boussole à un cinéaste qui sait marier virtuosité narrative et conscience des temps. On peut s’attendre à un palmarès qui valorise des œuvres capables d’interroger leur époque sans sacrifier l’ampleur du spectacle.

La saison culturelle lui fait d’ailleurs la part belle : l’Academy Museum of Motion Pictures à Los Angeles consacre au réalisateur sa première exposition monographique, “Director’s Inspiration: Bong Joon Ho”, ouverte depuis le 23 mars 2025 et visible jusqu’au 10 janvier 2027. Un signe de plus que l’auteur de Parasite occupe désormais ce territoire rare où le cinéma d’auteur croise l’imaginaire populaire. Marrakech n’a pas seulement un président de jury ; il a un partenaire de conversation.

   

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