Philippe Le Jeune, Entraineur de l’équipe marocaine de Saut d’Obstacles

by La Rédaction

Pour la première fois de l’histoire , le Maroc gagne son ticket d’entrée pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2021. Une première pour la discipline du saut d’obstacles qui a , depuis peu , un nouveau coach en la personne du belge Philippe Le Jeune, prêt à accompagner une équipe composée de Abdelkebir Ouaddar, Ghali Boukaa, Ali Al Ahrach et Samy Colman.

« Il y a une infrastructure formidable au Maroc, comme il y a très peu en Europe »

  1. Comment prépare-t-on les Jeux Olympiques ? 

Je m’occupe de la condition physique des chevaux, de leur santé, l’expérience qu’ils ont, ce qu’ils ont besoin de faire. Le planning des concours est très important, il s’agit de ne pas faire trop peu et pas de trop non plus. Avec mes 45 ans d’expérience, il faut arriver le plus en forme possible le jour des Jeux Olympiques. Et cela ne sert à rien que les cheveux soient en super forme d’ici deux – trois mois parce que la super forme se maintient quelques mois, après ça redescend. Tout athlète, tout être humain, c’est la même chose. Les chevaux, il faut les sentir, les comprendre. Ce sera la chose la plus importante pour moi. Ensuite, Abdelkebir a beaucoup d’expérience. Il a déjà participé aux Jeux Olympiques, au championnat du monde. Je ne me fais trop de soucis pour lui. Il a un super cheval : Istanbul. Les trois autres manquent un peu d’expérience au niveau 5 étoiles. Ils ont fait pas mal de 2-3 étoiles mais ce sont tous les 4 de très bons cavaliers, avec beaucoup de talent. Je vais essayer d’apporter mon expérience. Techniquement, ils peuvent encore s’améliorer beaucoup. Comme tout athlète de haut niveau, il faut continuer à se remettre en question. Il faut toujours aller vers les petits détails. Le petit détail fait toujours la différence. Il y a une très bonne entente. On est comme 5 copains. Ils savent que je suis là pour les aider, et non pour les critiquer. Critiquer c’est trop facile. Si je fais une critique, c’est une critique constructive. C’est pour les aider à aller de l’avant. Ils ont de très bons chevaux. C’est grâce à sa Majesté le Roi Mohamed VI et son altesse royale, qui aident énormément.  Ils ont beaucoup de chance, il y a une infrastructure ici formidable, comme il y a très peu en Europe. Ils ont tout pour réussir. Je pense qu’on va aller loin. 

De droite à gauche : Ghali Boukaa, Abdelkebir Ouaddar, Ali Al Ahrach et Samy Colman.

2. Comment gérez-vous l’entrainement ? Est-ce qu’il y aura du saut d’obstacles toujours ou vous y aller en douceur, à plus vous concentrer sur la technique ?

C’est un mélange ! J’habite à côté de la côte belge, je monte toujours en concours, on alterne beaucoup les entrainements, on fait des trottings sur la plage, marcher dans l’eau. Cela change le moral, c’est très important. Chacun a sa façon de faire. J’ai toujours beaucoup marché sur le moral de mes chevaux. Plus les chevaux sont heureux, plus ils auront envie de faire le petit quelque chose en plus pendant un grand prix. Quand ils seront fatigués, ils vont quand même donner. Contrairement à un cheval blasé qui va se laisser aller. Pour moi c’est très important, je veux voir des chevaux fiers, en bonne santé. C’est très important. Ici ce sont des chevaux jeunes, achetés par sa Majesté à 3 ans à peu près. Les cavaliers les récupèrent et moi je les perfectionne quand ils ont à peu près 8 ans. 

3. C’est à la fois un sport individuel que collectif. Comment gérez-vous les deux aspects ?

C’est plus un sport individuel. C’est chacun pour soi, je ne fais aucune différence, pas de préférence, je vais les pousser à ce qu’ils sortent le meilleur d’eux même. J’ai fait 148 coupes des nations. Je suis très jeu d’équipe. C’est la seule épreuve où quand on fait un mauvais parcours, on peut compter sur ses équipiers. On peut se racheter. C’est très passionnant. Beaucoup de stress surtout pour le premier et dernier cavalier. Il doit monter le chemin. S’il fait un sans-faute, il va relaxer les autres. Sinon, beaucoup de stress. Le dernier doit gérer aussi toute la tension du début. Mais je trouve cela passionnant… 

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