LA NATURE REPREND LE DESSUS

by Mounira Tyal

Les humains ont cru et pour la majorité croient encore pouvoir détruire la planète sans en payer le prix. Le prix fort, j’entends. Nous avons longtemps épilogué sur le réchauffement climatique, le dérèglement du Golf Stream, le phénomène El Nino, le trou dans la couche d’ozone, l’inversion des pôles et le risque de perdre l’atmosphère terrestre… et tant d’autres catastrophes annoncées.   

Les grandes puissances se sont réunies à de nombreuses reprises pour dialoguer sur les gaz à effet de serre et autres dangers imminents menaçant la terre, mais depuis trente ans, rien de concret n’a été fait. Des slogans, des effets de manche alors que les différentes industries polluantes continuent de faire des ravages. Depuis trois décennies des milliers d’espèces animales ont été éradiquées, la forêt amazonienne se réduit à peau de chagrin, une mare de déchets de la taille de plusieurs pays flotte dans les océans du globe, les rivières sont asphyxiées, le poisson se raréfie, les glaciers fondent, les deux pôles sont les plus touchés et montrent des signes qui n’augurent rien de bon… et la liste est loin d’être exhaustive, parce qu’il faut y ajouter l’invasion des OGM, les pesticides, les insecticides, les produits chimiques mortels et l’apparition de bactéries nouvelles, de virus mutants et surtout d’épidémies qui peuvent très vite devenir des pandémies. Et nous y sommes. Vache folle, grippe aviaire, SRAS, H1N1, Ébola, Sida… et aujourd’hui le Coronavirus, qui est loin d’être un nouveau-né. Les rapports médicaux en parlent depuis quelques années, mais là, c’est la grande infection à échelle planétaire. On part d’un foyer en Chine, puis c’est l’Europe qui est presque mise en quarantaine. Les USA ferment leurs frontières. Les vols sont suspendus un peu partout, les commerces ferment, les écoles sont vidées, les universités se barricadent, les firmes sont en Stand by en attendant l’évolution de ce qui pourrait être la plus grosse catastrophe sanitaire de l’humanité depuis la peste noire. Bref, le monde tourne au ralenti depuis quelques semaines et les choses empirent. Quelles solutions ? Pour l’instant, il n’y en a aucune qui se profile. Panique, psychose, peur et prévision du pire.

Voici pour le constat à froid. Maintenant, on est en droit de nous poser la question du pourquoi d’un tel déclin de l’humanité, censée avoir évolué pour garantir plus de sécurité au 7 milliards d’humains qui ne savent plus à quel saint se vouer. La chute a été amorcée il y a de cela plusieurs décennies. Aujourd’hui l’humanité récolte ce qu’elle a semé. Après les guerres, les crises pétrolières et l’effondrement des bourses, nous sommes aujourd’hui face à un danger qui peut décimer par millions voire plus, juste parce que les humains ont pillé la terre. Ils ont détruit leur habitat et nous sommes la seule espèce vivante capable de faire autant de dégâts sans jamais penser aux générations futures. A tous les niveaux, les humains ont saccagé la planète. Les terres agricoles devenues stériles, la surpêche, les exploitations minières à grande échelle, l’épuisement des nappes phréatiques, l’ensablement de plusieurs régions du globe, la désertification, la pollution océanique… tout ceci en faveur de plusieurs industries nocives. Les complexes militaro-industriels, les secteurs chimiques, les industries lourdes qui utilisent des poisons chimiques déversés en toute impunité dans le sol et les cours d’eau de toute la planète. Ceci a engendré en quelques décennies, ce que beaucoup de sociologues appellent la déshumanisation de la terre. Pour certains d’entre eux, on s’achemine direct vers la robotisation des humains. Ce qui a déjà commencé avec l’ère du tout High-Tech : ordinateurs, tablettes, Smartphones, réseaux sociaux et contrôle des humains par la technologie, le tout doublé de l’arrivée en puissance de l’intelligence artificielle programmée pour supplanter celle de l’Homme. Autrement dit, le monde qui se construit, annonce la fin de l’Homme en tant que centre de la vie sur terre. L’homme qui pense. L’homme qui réfléchit. L’homme qui évite le pire. L’homme qui pense à toutes les générations futures. Ceci a eu de graves et profondes répercussions sur les valeurs humaines. Jamais l’humanité n’a été aussi bas sur l’échelle des valeurs. Sur le plan individuel, les dérives sont si graves qu’il faut en parler ici : hypocrisie, haine, colère, rage, volonté de se détruire les uns les autres, jalousie maladive, attaques personnalisées, égoïsme, égocentrisme, mensonge, cupidité, désamour… Comment vivre dans un monde aussi pourri, aussi noir, aussi obscur où souvent aucun espoir de lumière n’est permis? Comment revenir à des fondamentaux simples pour un vivre ensemble plus serein et plus humain ? Comment échapper à la frénésie des multinationales qui se fichent de la vie des humains et ne pensent qu’aux bénéfices? Comment dialoguer entre les cultures sans haine ? comment enfin sauver la planète, qui reste, en définitive, notre unique habitat? Personne ne peut avancer de réponse certaine et nous garantir ce virage à 180 degrés pour sauver ce qui encore peut l’être. Mais dans ce noir absolu, il reste un espoir : celui qui mise sur l’humain, en nous quoi qu’il advienne refusera de tuer la terre et de se condamner à une fin certaine.

 Par  R.L

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