Le cinéma de 2025 n’a pas cherché à fuir la réalité : il l’a scrutée, disséquée, parfois magnifiée, souvent bousculée. Dans son classement annuel des 10 meilleurs films de l’année, le magazine Esquire dresse un panorama fascinant d’œuvres qui, à défaut de consoler, auront su nous faire réfléchir. Et parfois, frissonner.
En dix places, Esquire pose un constat net : le cinéma est en pleine mutation. En dixième position, If I Had Legs I’d Kick You annonce la couleur — un titre corrosif pour un film qui interroge l’impuissance physique et morale face à l’absurde. Juste au-dessus, Marty Supreme livre une satire politique sur fond de culte médiatique, tandis que It Was Just an Accident, à la 8e place, explore avec une délicatesse inattendue les drames de la responsabilité collective dans un cadre désertique à la beauté sèche.
À mesure que l’on monte dans le classement, les récits gagnent en densité émotionnelle. Blue Moon (7e) joue sur les codes du film noir et du huis clos juridique, tandis que Happyend (6e), drame japonais sur la pression sociale et le conformisme scolaire, touche en plein cœur. Splitsville (5e) avec Dakota Johnson, met en scène une rupture amoureuse avec une justesse rare, mêlant sensualité feutrée et introspection douce-amère. Quant à Hard Truths (4e), il est l’un des films les plus bruts et viscéraux de l’année, porté par une performance bouleversante de son actrice principale.
Arrive alors le podium, dominé par des œuvres au souffle cinématographique affirmé. À la troisième place, Eddington, western revisité, joue la carte de l’Americana avec une précision qui rappelle les grandes heures des frères Coen. En deuxième, The Shrouds, dernier né de David Cronenberg, mêle deuil technologique et thriller futuriste, dans une veine expérimentale que le réalisateur canadien maîtrise à la perfection.
Mais c’est One Battle After Another de Paul Thomas Anderson qui trône au sommet. Adapté de Vineland de Thomas Pynchon, le film oscille entre satire politique, road movie déjanté et fresque familiale. Avec Leonardo DiCaprio, Sean Penn, Benicio del Toro et Regina Hall, cette œuvre kaléidoscopique est une ode à la résistance intime face à la mécanique écrasante du pouvoir. Rien de moins.
Ce top 10 2025, plus encore qu’un simple palmarès, offre une lecture passionnante de notre monde en mutation. Qu’ils viennent d’Asie, d’Europe ou des États-Unis, les films distingués par Esquire se rejoignent sur un point : ils ne prennent pas leur public pour un simple consommateur. Ils l’invitent à penser, à ressentir, à douter. À une époque saturée d’images, ce rappel salutaire fait du bien — et augure un futur cinématographique où l’audace pourrait bien redevenir la norme.
