La vente du tableau « Portrait of Elisabeth Lederer » (1914-1916) réalisé par Gustav Klimt a provoqué un véritable séisme sur le marché de l’art. Le 18 novembre 2025, lors d’une vente organisée par la maison Sotheby’s à New York, l’œuvre a été adjugée à 236,4 millions de dollars, devenant ainsi à la fois l’œuvre d’art moderne la plus chère jamais vendue aux enchères et la deuxième œuvre d’art la plus chère de l’histoire des enchères après Salvator Mundi (attribué à Léonard de Vinci) qui s’était vendue pour environ 450,3 millions de dollars en 2017.
Ce résultat exceptionnel est d’autant plus impressionnant qu’il s’inscrit dans un format rarissime pour Klimt : un portrait en pied. Le tableau représente la jeune Elisabeth Lederer, fille de mécènes viennois, debout, vêtue d’une robe blanche drapée d’un manteau aux motifs orientaux, un décor caractéristique de la période tardive de l’artiste.
Le destin de cette œuvre est chargé : commandée entre 1914 et 1916, elle survit à la spoliation de la collection Lederer après l’Anschluss en 1938, évite un incendie qui détruit plusieurs œuvres du même mécène, est restituée à Erich Lederer en 1948, puis entre dans la collection privée de l’héritier des cosmétiques, Leonard A. Lauder.
Le marché a réagi instantanément : l’œuvre dépassait largement l’estimation initiale située autour de 150 millions de dollars, et a suscité une bataille d’enchères d’une vingtaine de minutes.
Au-delà du chiffre, la vente questionne la valeur culturelle et économique de l’art. Rareté, provenance dans l’histoire européenne du XXᵉ siècle, qualité artistique, tout se conjugue pour transformer un tableau en instrument de record. Elle relance aussi la hiérarchie du marché : avec cette mise, Klimt entre encore plus fortement dans la galaxie des grands maîtres « trophées » des enchères.
Ce moment marque un retour des grandes batailles d’art : l’œuvre n’est pas seulement achetée ; elle est devenue un acte de positionnement culturel et financier. Une jeune femme debout, dans un décor viennois subtilement teinté d’Asie, permet aujourd’hui de réécrire l’histoire des valeurs de l’art.