Dans un monde saturé de skylines spectaculaires et d’hôtels design aux tarifs hors sol, une ville mexicaine nichée à 1 900 mètres d’altitude rappelle que le luxe ultime est parfois fait de pavés, de façades patinées par le temps et de siestes sans montre. San Miguel de Allende, perle du Guanajuato, vient d’être sacrée meilleure ville du monde par les lecteurs du magazine Travel + Leisure. Une consécration discrète mais éloquente dans le paysage du tourisme mondial.
Ce n’est pas un hasard si cette cité baroque à taille humaine séduit autant. Avec son centre historique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ses marchés parfumés au maïs grillé, ses galeries d’art bohèmes et ses maisons coloniales qui rappellent une autre époque, San Miguel incarne une forme de raffinement tranquille. Ici, pas de frénésie urbaine ni de selfie spots saturés. La ville cultive une douceur de vivre qui attire autant les artistes en quête d’inspiration que les voyageurs fatigués du tapage.
Cette quête d’authenticité trouve un écho plus large dans le palmarès 2025. Sept des dix premières villes du classement sont asiatiques. De Chiang Mai, où la street food est une religion, à Tokyo, cité modèle de modernité enracinée, l’Asie continue de nourrir l’imaginaire des globe-trotteurs. Le fil rouge ? Une culture dense, une gastronomie généreuse et un rapport au temps plus contemplatif. Des critères qui semblent reléguer les grandes capitales occidentales à l’arrière-plan.
Le classement, établi sur la base des votes des lecteurs de Travel + Leisure, évalue chaque ville selon sa culture, sa cuisine, l’accueil de ses habitants, la qualité de l’hébergement ou encore le rapport qualité-prix. Autant de critères qui dessinent les contours d’un tourisme plus émotionnel que sensationnel. San Miguel, malgré sa taille modeste et son absence d’infrastructures spectaculaires, surclasse ainsi Tokyo, Bangkok ou même Mexico City, pourtant bien plus imposantes.
Mais cette hiérarchie a ses biais. Le lectorat majoritairement nord-américain du magazine contribue à orienter les tendances. Certaines destinations restent dans l’ombre, non pas par manque d’intérêt, mais faute d’accès, de visibilité ou de récit autour d’elles. Le palmarès reflète donc autant les goûts d’un public averti que les dynamiques du storytelling touristique.
Reste que la victoire de San Miguel de Allende signe peut-être un tournant. Celui d’un tourisme réconcilié avec l’essentiel : la beauté d’un lieu, l’âme de ses habitants et la possibilité de flâner sans urgence. Une ville où l’on sirote un café en terrasse, non pas pour poster une story, mais parce que le moment le mérite.