Certaines mélodies ne disparaissent jamais vraiment, elles attendent simplement d’être réécoutées. El Marikan, classique de Houssine Slaoui des années 50, retrouve aujourd’hui la lumière dans une version jazz feutrée, imaginée par Souk Sounds comme un numéro de cabaret sorti d’un Casablanca rêvé.
Ce retour étonnamment précis, presque trop parfait dans les nuances, ne doit rien au hasard. C’est aussi le fruit d’une intelligence artificielle discrète, tapie derrière les partitions, qui orchestre cette renaissance avec une méticulosité troublante — comme si elle savait lire entre les notes et les souvenirs.
La voix, suave et retenue, se pose sur une orchestration somptueuse : contrebasse velours, piano nocturne, cuivres soyeux. L’univers visuel suit la même partition : fumée dorée, smokings ajustés, micros d’époque, ambiance de club enfoui dans le temps. Plus qu’une reconstitution, c’est une rêverie mise en scène.
Cette relecture d’El Marikan n’imite pas le passé, elle le réinvente. Entre héritage marocain, jazz vintage et technologies du présent, elle prouve qu’une œuvre peut traverser les décennies sans perdre son âme — à condition de savoir l’écouter autrement.
