Les rappeurs font le ménage

by Abdelhak Najib

Cinglant. Costaud. Heavy Weight comme son auteur. Le dernier morceau de Don Bigg fait le ménage avec ses 170 kgs. Le rappeur règle ses comptes avec tout le monde et va au-delà de ce que certains attendaient d’un musicien qui connait de quel air le ballon est gonflé comme dirait l’autre. Don BIGG tire à boulets rouges et fait le solde de tout compte de la planète RAP à la Marocaine. En somme, une diatribe ultra violente à l’encontre de la nouvelle génération RAP.

 170 KGs de dynamite pour faire sauter le Shimilblick

Des coups en dessous de la ceinture, un phrasé au hachoir, entre cruauté et crudité, des leitmotivs qui  tournent en boucle dans un mouvement giratoire qui finit par donner le tournis à tous ceux qui servent de cibles dans un morceau blindé. On dirait un ring. Ça gicle. Ça frappe. Ca cogne. Ca castagne. De partout. Les Uppercuts pleuvent. Des mâchoires tombent. Il y a du sang. C’est le gang qui retentit. Et ce n’est pas fini. Quand on pense que le bonhomme va enfin s’adoucir, il endosse ses gants et matraque à tout-va, sans concessions. Langage fleuri, sous la  ceinture, avec tous les attributs que l’on connait, la rue prend ici tout son sens, entre violence urbaine et solitude ultra-moderne. Du Bigg White Spirit qui ne lâche rien jusqu’au bout des notes. De bonne guerre? Absolument. Et comment! Les autres répliquent aussi. C’est leur droit. Les rappeurs ont ceci de sûr: aller au bout du bout. Don  Bigg en prend dans les flancs. Dizzy Dros sort le grand jeu et balance la sauce qui éclabousse tout au passage. Avec Moutanabbi, le vétéran Bigg sert de Punshing Ball a un phraseur qui fait la démonstration de sa virulence tous azimuts  Mais Bigg  tout comme 7Liwa, Mister Crazy et Dizzy Dros savent que quand la bagarre est lancée,  plus moyen de reculer. A la guerre comme à la guerre.   Et le combat à plusieurs rounds ne fait que commencer. Dans une cage, un Ultimate fight de tous les diables. C’est à qui va s’essouffler. Et dans cet exercice d’endurance, Don Bigg a du coffre au propre et au figuré. Les autres aussi montrent qu’ils sont coriaces. Des durs à cuire qui ne vont rien lâcher. Cela rappelle une autre époque quand Tupak et Notorius Big faisaient la Une de la presse à scandale. Toutes proportions  gardées, les gars!

Sur un autre plan, ceux qui se sont offusqué de la terreur des lyrics devraient savoir que l’on ne fait pas du RAP avec de la dentelle. Quand on frappe, quand on lamine, on va aux tripes et on les arrache ou on pousse la chansonnette à la golfique, pour soirées ringardes où seul les effluves de la blanche et du mousseux font office de frottements avec l’existence.  Le RAP à la Marocaine atteint ici un summum de véracité qui place la vérité ailleurs, dans tous ces ailleurs où seul le macadam des jours nous dit comme la vie est une chienne et que, de temps en temps, il faut rétamer du monde pour se sentir vivant. Chacun y va de son slam. Chacun arrache  le verbe à la rancoeur et veut achever l’autre. Dans la foulée, the Battle prend une direction pour le moins crados. On y mêle les uns et les autres. Des clans se forment et s’étripent. On s’accuse. On dénonce. On se dénonce. Ad infinitum. Comment les choses vont  finir? Par des salamaleks mâtinés de uppercuts ou alors a couteaux tirés sans répit.

Wait and See.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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